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La passerelle Simone de Beauvoir à Paris

Ouvrage médiatique, peut-être le dernier à se construire sur la Seine à Paris, la passerelle Simone de Beauvoir a été inaugurée le 13 juillet dernier. Elle relie désormais, en partie haute, le parvis de la Bibliothèque Nationale de France (Paris 13ème) et les jardins de Bercy (Paris 12ème). Au niveau des berges, elle fait le trait d’union entre les quais François Mauriac et de Bercy. Le piéton pourra passer à sa guise d’un niveau à l’autre, en empruntant des paliers d’échange.
Ce dossier retrace l’aventure de cet ouvrage tout acier, issu principalement des ateliers d’Eiffel à Lauterbourg, en Alsace.

 La passerelle, dans les grandes lignes

Trait d’union nécessaire

D’un côté, les planches de la vaste esplanade de la bibliothèque nationale François Mitterrand, rappelant la plage de Deauville, ou une immense scène de théâtre ; de l’autre le splendide foisonnement végétal des jardins de Bercy… la passerelle relie deux endroits magiques de Paris, deux lieux de balade et de dépaysement. Mais aussi deux espaces publics très contrastés. D’un côté la très grande bibliothèque, érigée dans une zone dense d’habitations et de bureaux (13ème arrondissement, rive gauche) ; de l’autre un poumon vert, à l’orée duquel se dresse le palais omnisport de Paris Bercy (12ème arrondissement, rive droite). Programmée dès l’origine avec la BNF, la passerelle était un lien nécessaire entre deux quartiers en vis-à-vis, qui jusque là s’ignoraient.

planche
Large de 12 mètres, habillée d’un platelage en chêne, la passerelle offre au piéton une traversée confortable et pourra accueillir des manifestations temporaires (expositions, bouquinistes…).

Un entrelacs de trajectoires

Par sa conception en vagues, son large platelage en bois de chêne, sa légèreté, sa transparence, la passerelle incite à l’humeur vagabonde. On s’y perdrait par plaisir. Et c’est exactement l’effet recherché par le concepteur de l’ouvrage, Dietmar Feichtinger.
« La passerelle offre une multitude de traversées possibles, de perspectives différentes. Le piéton peut choisir son cheminement, et ainsi le trajet d’une rive à l’autre ne semble pas long ».
Le piéton peut en effet naviguer des berges aux accès supérieurs, varier son itinéraire dans l’entrelacs des courbes dessinées par la passerelle, et pourquoi pas s’attarder au centre. La partie centrale de l’ouvrage, spacieuse, est conçue pour pouvoir accueillir des expositions et autres manifestations temporaires.
« Plus qu’un lien transversal, la passerelle est un nouveau lieu parisien ».

4ème franchissement piéton de Paris sur la Seine

Trente-septième pont de Paris, la passerelle Simone de Beauvoir est le 4ème franchissement de la Seine réservé aux piétons, et plus généralement « aux circulations douces », pour reprendre les termes de la Ville de Paris.
Les trois autres sont :

  • Le Pont des Arts

    pont des arts
    1804, architecte Louis-Alexandre Cessar - reconstruit en 1984, architecte Louis Arretche

    Le pont des Arts, dit aussi passerelle des Arts, relie la Cour Carrée du Louvre à l'Institut de France. Initialement construit en fonte, une première en France, cet ouvrage réservé aux piétons était conçu pour ressembler à un jardin suspendu, avec des arbustes, des bacs de fleurs et des bancs. A la suite d'un choc avec une péniche, la passerelle est fermée en 1970, puis reconstruite en acier et à l’identique (avec juste deux arches en moins) entre 1982 et 1984. Sa longueur est de 156 mètres pour une largeur de 9.80 mètres.

  • La passerelle Debilly

    passerelle debilly
    Exposition universelle de 1900, architecte Jean Résal

    Cette passerelle, à l'origine provisoire, a été construite afin de faciliter la circulation des visiteurs dans les différents palais de l'exposition universelle de 1900, qui occupait alors les berges de la Seine. C'est une construction en charpente métallique, contemporaine du Pont Alexandre III et du même architecte : Jean Résal. Après quelques modifications, elle a été déplacée en 1906 pour devenir un ouvrage permanent.
    Elle relie le Quai de New-York (16ème) et le Quai Branly (7ème). D'abord appelée «passerelle de l'Exposition militaire», puis «passerelle de Magdebourg», elle prend enfin le nom du général du Premier Empire, Jean-Louis de Billy, mort à la bataille d’Iéna en 1806.

  • La passerelle Solferino


    1999 – Architecte Marc Mimram

    Inauguré par Napoléon III en 1861, le pont (en fonte) de Solferino assure durant un siècle le passage des véhicules entre le quai Anatole-France et le quai des Tuileries. Il doit son nom à la victoire de la Bataille de Solferino, en juin 1859. Fragilisé (notamment par des chocs avec les péniches), il est détruit et remplacé en 1961 par une passerelle piétonne en acier, démolie à son tour en 1992. La nouvelle passerelle de Solférino reliant le musée d’Orsay et le jardin des Tuileries a été construite entre 1997 et 1999 sous la direction de l'ingénieur architecte Marc Mimram. Franchissant la Seine d'une seule arche, sans appui dans le fleuve, cette passerelle métallique d'une architecture unique est couverte de bois exotique (l'ipé, bois brésilien), identique à celui qui recouvre la dalle supérieure et les marches de la bibliothèque nationale de France (François Mitterrand). Sa structure est un assemblage de six éléments de 150 tonnes fabriqués par les établissements Eiffel.

Pourquoi Simone de Beauvoir ?

Fouler du pied Simone… étrange idée. Peut-être un fantasme de Jean-Paul ? Fantasme ou pas, cette toute nouvelle passerelle sur la Seine a une grâce, une légèreté, des lignes courbes évoquant plutôt l’élément féminin. Bizarrement, c’est la première passerelle à se faire baptiser d’un nom de femme. Sans doute parce que 2006 est l’année de la femme.
Mais pourquoi Simone de Beauvoir, dont on célèbre cette année le 20ème anniversaire de la disparition ?
Peut-être parce que la passerelle et l’écrivain ont en commun la portée, l’ouverture de perspectives, l’élégance, la tenue, l’intelligence, le souffle, la créativité, la force, la pérennité…
Sans oublier l’élément aquatique : Simone de Beauvoir était surnommée « le castor ». Pourquoi ? A cause de son nom, Beauvoir, qui rappelle Beavor, « Castor » en anglais.

Le passeport de la passerelle

  • Longueur totale (passerelles de liaison comprises) : 304 mètres.
  • Longueur de la partie principale (franchissement de la Seine) : 190 mètres au niveau des berges, 200 mètres au niveau supérieur, aux extrémités des boomerangs.
  • Largeur : 12 mètres.
  • Hauteur : 6 mètres en extrémités et 3,20 mètres sur la lentille centrale
  • Poids total de la charpente : 1600 tonnes dont 1100 tonnes pour l’ouvrage principal de franchissement (comprenant les 550 tonnes de la lentille centrale) d’aciers mécano-soudés

    Voir le dossier soudage

  • Superficie du platelage (plancher de chêne recouvrant le tablier) : 4000 m²
  • Signe particulier : la plus grande passerelle de Paris par la portée (190 mètres de portée libre).
  • Aciers utilisés : nuances S355K2G3, S355N et S355 NL (NF-EN 10 025), avec des épaisseurs maximales de 15 centimètres.

Géniteurs de l’ouvrage :

  • Maître d’ouvrage : Ville de Paris, Direction de la Voirie et des Déplacements
  • Maître d'oeuvre : Groupement Solidaire de Dieter Feichtinger Architectes et
    RFR SAS
  • Architecte : Dieter Feichtinger
  • Ingénieur : RFR SAS, avec Henry Bardsley
  • Bureau d’Etude : RFR SAS, Directeur de Projet Bernard Vaudeville

Entreprises :

Fournisseurs d’acier :

  • Dillinger-Hütte-GTS, qui a livré environ 70 % des aciers, dont les plaques les plus épaisses, sur le site d’Eiffel à Lauterbourg (Alsace)
  • Duferco-Clabecq (Belgique), qui a livré les 30 % restants aux différents sous-traitants du constructeur Eiffel