office technique pour l'utilisation de l'acier Pour tout savoir sur l’acier et ses utilisations

Diaporama du projet

Projet Le Jardin - Guillaume Girod
Ecole d’architecture de Grenoble

Le projet prend place dans un quartier de Berlin. Cette ville possède deux caractéristiques majeures ; la construction en îlot autour d’une cour centrale, et des parcelles vides qui viennent briser la continuité urbaine.
La parcelle choisie s’installe au cœur de cette réalité ; un espace vide dans un ensemble d’îlots hiérarchisés.

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Elle possède cependant une caractéristique propre, la présence d’arbres de belles tailles débordant sur la rue et déployant leurs branches au-dessus des passants. Ils renforcent l’aspect « d’aspiration » créé par l’espace vide en se positionnant comme une accroche sur la rue, créant un évènement dans la linéarité des immeubles présents.

La maison du Poète s’inscrit dans un site très singulier. L’enjeu est de le révéler sans s’y imposer, l’offrir au regard du visiteur, lui donner une place charnière dans l’identité du quartier et ne pas l’altérer par un geste architectural inutile.
Le bâtiment se positionne simplement, respectueux des arbres et de la profondeur du site. Il se place en milieu de parcelle, conservant une large cour ouverte sur la rue, et crée un jardin en partie arrière, à l’abri de la rue, au calme. Deux boites s’élancent de la façade pour venir au contact des arbres, et créer le lien avec la rue.

L’acier y exprime nombres de ses facettes

Le visiteur échappe à la continuité urbaine et pénètre dans la cour d’accueil. Il passe sous les arbres et découvre la façade principale. L’acier y exprime nombres de ses facettes. Une hyper structure crée le corps du bâtiment et des poutres treillis de trois mètres de hauteur accueillent la quasi-totalité du programme. Une double peau en verre la recouvre et par des jeux de reflets exprime la dualité du site ; les arbres et la rue, le végétal et le minéral, la continuité et le vide. Des bandes végétales viennent, par moment, perturber cet effet en striant la façade et ses reflets d’une végétation luxuriante. Elles semblent couler depuis le toit le long du verre. Elles perturbent l’image reflétée des immeubles, reprenant le caractère originel de la parcelle ; la pénétration du végétal dans la ville.
Les boîtes semblent flotter au dessus du visiteur, en équilibre sur de fins poteaux métalliques elles viennent se glisser entre les branches des arbres. Elles expriment la légèreté et la fluidité en regard à la massivité de la structure principale.
Des panneaux de tôle plate perforés viennent habiller les structures verticales qui supportent les poutres treillis. Ils s’inspirent des caractéristiques d’un bouleau ; son élancement, la texture et la vibration de son écorce. Ils reprennent en effet le motif de son écorce et se déploient le long de la structure par de subtiles vibrations qui rappellent les mouvements des peaux qui se décollent du tronc d’un bouleau.

Les poutres treillis permettent de créer des grands plateaux de cent cinquante mètres carré, et de libérer l’espace de tout support

Le visiteur se trouve face à un bâtiment sensuel qui exprime subtilement des jeux et des oppositions de matériaux. La Maison du poète possède une vraie force charnelle, sa structure massive, la légèreté de ses boites, l’onctuosité du végétal, la vibration des panneaux, et invite le visiteur à y pénétrer.

Le hall d’accueil le reçoit et il découvre le jardin vallonné de la partie arrière. Les poutres treillis permettent de créer des grands plateaux de cent cinquante mètres carré, et de libérer l’espace de tout support. Le hall d’accueil central distribue la brasserie, l’auditorium et la médiathèque. Le café y est directement connecté, il permet de venir se restaurer en jouissant de la vue sur la jardin ou sur la rue. Le point de restauration est un module placé entre l’accueil et la brasserie, il divise les deux espaces. Il est cependant mobile et peut glisser sur ses rails vers l’accueil, libérant un espace plus important visant à accueillir plus de spectateurs lors de petits concerts réalisés sur l’estrade prévue à cet effet.
Les circulations se trouvent dans les structures qui supportent les poutres treillis, de part et d’autre de l’accueil et de la brasserie Les panneaux perforés y filtrent la lumière et leurs motifs viennent se matérialiser dans une peau en Danpalon blanc laiteux.

Le visiteur peut accéder aux étages supérieurs, médiathèque, logements et toit terrasse ou à l’étage inférieur de l’auditorium. Celui-ci est placé sous le jardin afin que sa volumétrie importante n’alourdisse pas l’atmosphère de légèreté créée sur le site.
Les spectateurs y sont accueillis par deux longs murs bleus Klein percé d’une fente qui reçoit la garde robe. L’espace est aveugle, minéral, sans artifice. "Le bleu n'a pas de dimension, il est hors dimension, il rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu'il y a de plus abstrait dans la nature tangible et visible."(Yves Klein). Cette couleur apaise, évoque la profondeur. Elle prédispose au spectacle, au concert, à la conférence qui va se dérouler dans l’auditorium. Le visiteur pénètre alors dans une espace plus dilaté, aux formes souples, percées de puits de lumière. Le contraste voulu avec l’espace précédent met en valeur les qualités intrasèque du lieu. Ces formes arrondies se couvrent de panneaux en bois de bouleau naturel et laissent leurs matières se révéler sous cette lumière zénithale diffuse. Cette disposition particulière permet de mettre en scène, avec des qualités nouvelles, les représentations venant y prendre place. Cette lumière naturelle peut évidemment être obstruée pour retrouver une configuration scénique plus conventionnelle.

Le premier étage est celui de la médiathèque, au cœur des poutres treillis  la structure se révèle. L’espace est libre et les rayonnages s’organisent autour « d’une boîte à livres » centrale suspendu au plafond, qui semble flotter dans l’espace. A l’intérieur, une salle de travail offre le calme nécessaire à certains travaux. Les deux boîtes présentes dans la cour sont connectées à la médiathèque et accueillent deux salles de lectures. Elles offrent une expérience particulière, lire au milieu des branches et des feuillages. Le lecteur peut, dans ces espaces baignés de lumière, retrouver des plaisirs d’enfance et s’abandonner à la lecture dans cette atmosphère semblable à une cabane dans un arbre. La maison du Poète propose des expériences sensorielles nouvelles à ses utilisateurs, toucher ses surfaces multiples, expérimenter ses lumières, ressentir ses espaces. On peut simplement découvrir un livre confortablement assis dans ces petites cabanes, allonger dans l’herbe du jardin ou sur le toit terrasse.

Les étages supérieurs accueillent les logements. En premier lieu, deux T4 pour les logements de fonction. Ils s’organisent autour d’un espace central composé des espaces servants ; salle de bains, toilettes, plan de travail pour la cuisine. Le salon et la cuisine se situent à l’est et profitent de l’abondante lumière, parfois altéré par le passage des bandes végétales. Celles-ci sont d’ailleurs la simple application d’un principe ; une plante n’a besoin pour pousser que d’un substrat et d’une matière nutritive. Ainsi une simple feuille de métal recouverte d’une toile -type toile de lin – associée à un goutte à goutte, permet de faire pousser des espèces adaptées à la verticale.
Les habitants peuvent passer entre elles pour atteindre les terrasses situées sur les boîtes et vivre en plein air, au dessus de la rue, le nez dans les arbre. Les chambres se situent en partie ouest et profitent de la vue et du calme du jardin. Un caillebotis permet d’accéder à l’intérieur de la double peau et de profiter d’un espace semi extérieur protégé.

Cette double peau est le cœur du système thermique du bâtiment. Un puit canadien y propulse un air à bonne température. L’été, l’air refroidi après son passage sous terre est diffusé à une température d’environ quinze degrés dans la double peau. Il joue le rôle de tampon thermique avec l’extérieur et assure la fraîcheur des espaces intérieurs. En hiver, l’air est soufflé à une température compris entre cinq et dix degrés et permet de diminuer les déperditions thermiques dues à l’air froid extérieur. Le complément énergétique est assuré par quarante six mètres carrés de panneau photovoltaïque situés en toiture sur les structures verticales.

Le dernier étage est celui des logements temporaires qui peuvent recevoir dix personnes dans des chambres individuelles. Celles-ci sont divisées en deux appartements. Chaque chambre dispose d’un espace lumineux ouvert sur le jardin ou la rue. Un espace cuisine / coin repas sert d’espaces collectifs.

La Maison du Poète est un endroit singulier, où l’on fait une pause, là où la rue, elle aussi, en fait une

Enfin, le toit terrasse accessible à tous les utilisateurs de La Maison du Poète, offre un espace en plein air où les bandes végétales naissent aux pieds de quelques bouleaux. Ce jardin suspendu reconstituant l’œuvre d’Yves Klein « le jardin d’Eden » est un lieu où tout le monde peut se retrouver, un enfant et sa BD, un écrivain en villégiature, une personne âgée, le personnel...On peut s’y abandonner avec pour seul décor le bleu du ciel.

La Maison du Poète est un endroit singulier, où l’on fait une pause, là où la rue, elle aussi, en fait une. Elle offre sans grandiloquence un lieu simple, où l’on peut oublier la ville et découvrir de nouvelles expériences.

Un espace où s’exerce la volupté d’un jardin, la présence de la rue, du ciel, une douceur, une invitation à la découverte du lieu et d’autrui, quelque chose de spécial, d’unique, d’une singularité légère, ouverte, où chacun peut exister, un presque rien en plus de l’architecture où s’ouvre l’espace de ce qui reste merveilleux ; être bien ensemble, quelques fois.